Quelque 13 millions de Marocains votaient vendredi pour élire près de 28.000 conseillers municipaux avec, pour la première fois, un quota de 12% de sièges réservés aux femmes et une grande inconnue: le taux d’abstention.
Les bureaux de vote (environ 38.250) ont ouvert à 08h00 (07h00 GMT) et ferment à 19h00 (18h00 GMT). Tous les Marocains âgés de 18 ans et plus peuvent voter.
Les résultats officiels devraient être annoncés samedi en fin d’après-midi.
Le Premier ministre Abbas El Fassi a voté vers midi à Souissi, un quartier huppé de la capitale. Le secrétaire général du Parti Justice et Développement (PJD, islamistes modérés) Abdelillah Benkirane a fait de même en fin de matinée aux Orangers, en centre ville.
Les analystes s’attendent à une forte abstention. En 2003, lors des précédentes élections municipales, elle avait atteint 46%.
A 16h00 locales (15h00 GMT), le taux de participation était proche de 30%, le même qu’en 2003 à la même heure, selon le ministère de l’Intérieur.
Selon Jean-Charles Brisard, un observateur français positionné dans la région de Meknès (à environ 150 km à l’est de Rabat), l’affluence était plus forte dans les campagnes qu’en ville.
“La présence de femmes est importante, a également déclaré à l’AFP cet observateur, invité au Maroc par le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH). Ca prouve un réel engouement”.
Un total de 130.223 candidats issus de 30 partis politiques sont en lice. Le mode de scrutin est double: uninominal dans les petites localités et de liste dans les municipalités dépassant 35.000 habitants).
27.795 conseillers municipaux vont être élus pour des mandats de six ans dans 1.503 communes.
Les candidatures féminines s’élèvent à 20.458 (soit 15,7% du total) contre 4,8% en 2003. Elles n’avaient alors obtenu que 0,54% des sièges.
Dans l’ensemble, la campagne électorale s’est déroulée sans incident majeur.
Selon une enquête récente de l’ONG Transparency International, 53% des Marocains estiment que les partis politiques sont corrompus. Conscientes de cette désaffection, les autorités ont multiplié les appels à voter.
La lutte contre le chômage, pour l’alphabétisation et la promotion de la femme ont été les principaux thèmes de cette campagne.
L’un des intérêts de cette consultation sera le score du Parti Authenticité et Modernité (PAM), nouveau-né sur l’échiquier politique.
Le PAM a été fondé en 2008 par l’ancien ministre délégué à l’Intérieur Fouad Ali El Himma, un ami du roi. Il s’agit du premier test électoral pour ce parti qui, jusqu’au 29 mai, appartenait à la coalition gouvernementale.
Les résultats du PJD -arrivé en deuxième position aux législatives de 2007- seront également observés à la loupe. “Notre ambition est d’arriver en tête”, a résumé jeudi à l’AFP Abdelillah Benkirane.
Fès, à 200 km dans l’est de Rabat, figure parmi ses objectifs. La capitale spirituelle du royaume est aujourd’hui dirigée par le syndicaliste et très médiatique Hamid Chabat, de l’Istiqlal (PI), parti du Premier ministre.
Salé, ville-jumelle (et ville-dortoir) de Rabat, dont le maire est Driss Sentissi (Mouvement Populaire/MP), est aussi dans la ligne de mire du PJD.
Selon le ministère de l’Intérieur, c’est le PAM qui a présenté le plus de candidats (16.793), suivi du PI (15.681), du Rassemblement National des Indépendants (RNI/12.432), de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP/12.241), du PJD (8.870) et du MP (8.595).